Avec Spring Breakers (2013), Harmony Korine a eu l'idée de l'année pour se faire connaitre du grand public : mettre quatre (très) jolies filles (très) populaires en bikini au milieu d'une intrigue mêlant violence, sexe, alcool et fêtes. Le meilleur moyen pour se faire connaitre surtout quand le Monsieur arrive à enrôler Selena Gomez, Vanessa Hudgens, Ashley Benson et sa compagne Rachel Korine.
Qui est Harmony Korine ? Un cinéaste underground comme on dit surtout connu pour ses nombreux courts-métrages, son film Mister Lonely (2008) sur l'univers des sosies, et par l'élite des cinéphiles. Et c'est ce qui est bien avec ce réalisateur, c'est qu'il garde sa façon de penser. C'est pas parce qu'il a des stars à son casting qu'il va les chouchouter ou faire un film cliché et ultra-calibré. Au contraire, il emmène ses acteurs dans son univers, laissant vivre ses personnages dans l'instant présent. Ici, les personnages de Faith, Candy, Brit et Cotty évoluent sur une route dangereuse... Portées par la volonté de vivre quelque chose de nouveau, elles braquent un fast-food pour partir en Spring Break. Arrivées sur place, elles s'éclatent entre soirées, garçons, drogues et alcool. Mais la fête se termine quand elles se font arrêter par la police lors d'une fête. Alien (James Franco méconnaissable), un caïd de la région plein aux as payent leur caution et prend les quatre filles sous son aile. A la Snoop Dogg, oui exactement...
Plus, le film avance, plus on se dit qu'elles s'engagent jusqu'à un point de non-retour pourtant Harmony Korine change plusieurs fois le destin de ses personnages avec intelligence et tact, nous prenant, du coup, à contre-pied. J'ai beaucoup aimé ces "rebondissements".
Mais la grande force du film c'est le message implicite sur la déchéance d'une génération de jeunes américains qui dépensent tout ce qu'ils ont dans une orgie moderne d'une semaine où alcool, drogues, sexe et armes cohabitent dans un même lieu de décadence... Pourtant, Harmony Korine ne prend jamais parti. C'est étrange ce qu'il arrive à faire... Il narre l'histoire de ses personnages avec un ton neutre déroutant... Impossible de savoir s'il dénonce leur comportement ou s'il les encourage. Un ton neutre assez déstabilisant pour certains mais qui reste dans sa ligne de conduite : laisser évoluer ses personnages par eux-mêmes. Un ton neutre sublimé par la poésie de la musique, des images, des plans et de la photographie : beaucoup de fluo, de lumières noires, de scènes de nuits mettant en contraste les images festives du Spring Break. Une poésie sombre et violente aux faux airs de David Fincher et de Darren Aronofsky.
Certaines scènes valent vraiment le détour comme la scène du braquage et celle de James Franco avec ses armes... digne du pilon de poulet dans Killer Joe (2012) !! Il faut aussi souligner la prestation surprenante des quatre copines qui cassent leur image de petites filles modèles. A la fois crédibles et envoûtantes...
Bref, Spring Breakers est une vraie réussite, un poème moderne sur la violence et la décadence des jeunes d'aujourd'hui, à la réalisation appliquée et au ton neutre déstabilisateur... A ne pas mettre à la portée de tous. Un cinéma inventif et poétique qui en surprendra plus d'un !
Note : ★★★★
Fab'
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