Freddie Quell, un vétéran, vole de boulots en boulots sans s'imposer... Alcoolique, il distille sa propre gnôle et souffre d'accès de violence... Il fait la rencontre du Maître, un chef de secte charismatique qui va chercher à aider Freddie. Petit à petit, une amitié s'installe entre les deux hommes et chacun gagne à côtoyer l'autre... Mais, plus Freddie s'investit dans "la cause", plus il se pose des questions...
Paul Thomas Anderson est un réalisateur rare et talentueux. Cinq ans se sont écoulés depuis son dernier film évènement There Will Be Blood (2008) dans lequel Daniel Day-Lewis a remporté l'Oscar du Meilleur Acteur. Paul Thomas Anderson, c'est un film tous les trois ans en moyenne et une mise en scène hyper-travaillée voire par moment sur-travaillée. Vainqueur de l'Ours d'Argent à Venise en 2012 pour sa mise en scène dans The Master (2013), il a vraiment fait un travail incroyable sur ce film. Des plans uniques et littéralement difficiles à tourner : plongée, contre-plongée, travellings... Il a un style unique qui met parfaitement en relief la relation intrigante entre les deux personnages...
Les deux personnages sont illuminés par les interprétations hors du commun de Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman. Deux jeux très différents, le premier est dans l'excès total (alcoolique, somnolent, limite cadavérique...) et livre sa prestation la plus complète. Tout simplement bluffant. Il a perdu pas moins de 15 kilos... Le second, est tout en contrôle, assuré et rassurant, son jeu est exceptionnel. Il a une aura, un air supérieur rare qui lui donne un statut unique dans le monde du cinéma. Un rôle taillé pour lui qui laisse présager du bon pour le rôle du Haut-Commissaire des Hunger Games dans Hunger Games : L'Embrassement qui sortira au mois de novembre...
Tous les deux sont exceptionnels et leurs différences permettent de couvrir tous les aspects du jeu d'acteur (le rire, le défi, la tristesse, la colère, le respect...). La scène dans la prison est d'une intensité rare et la première "séance" est excellente.
Après, j'ai trouvé que ses choix au niveau de l'histoire étaient un peu léger. La fameuse "Cause" est surtout abordée dans le sens pédagogique... Il y a juste une scène qui critique et remet en questions la secte, la pensée du Maître. J'ai trouvé ça un peu dommage, pas d'attaque frontal et pas/peu de point de vue extérieur. L'histoire se concentre sur la relation amicale entre les deux personnages principaux délaissant le problème sectaire. La critique est sous-entendue mais je pense que le film aurait gagné en intensité et en envergure en abordant un point de vue plus critique.
Enfin, la performance de Joaquin Phoenix et de Philip Seymour Hoffman éclipsent les performances de Amy Adams (la femme du Maître qui n'a qu'une scène marquante) et celle de Jesse Plemons (complètement sous-utilisé...). On a l'impression que le réalisateur s'est laissé porter par l'interprétation de son duo d'acteurs... en oubliant d'étoffer son scénario...
The Master s'avère inégal mais le film est sauvé par l'interprétation exceptionnelle des deux acteurs principaux et la réalisation très stylisée et tout en maîtrise de Paul Thomas Anderson (légèrement oublié aux Oscars 2013 contrairement aux trois acteurs principaux...).
Note : ★★★
Fab'
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