23 mars 2013

Happiness Therapy

Quel plaisir de retrouver la mise en scène David O. Russell un peu moins de deux ans après le brillant The Fighter (2011) ! On le retrouve à la réalisation et à l'écriture de Happiness Therapy (2013), une comédie romantique pas comme les autres qui a fait sensation lors des Oscars 2013 avec 8 nominations dont Meilleur Film. 
Un petit bijou de comédie qui raconte la vie de Pat (Bradley Cooper), un homme qui a séjourné en centre psychiatrique quelques mois après avoir voilement agressé l'amant de sa femme suite à une fâcheuse rencontre dans la salle de bain de Pat... Une fois remis de ce terrible choc, Pat arrive de mieux en mieux a gérer ses émotions et veut reprendre le contrôle de sa vie. Il veut reconquérir sa femme à tout prix. Tiffany (Jennifer Lawrence), une jolie jeune fille, qui a enduré les mêmes problèmes comportementaux que lui va l'aider à reconquérir sa femme en l'échange d'un service particulier. Les deux paumés de la vie vont essayer de reprendre leur vie en mains... 
Placer une histoire d'amour entre deux psychotiques qui sont incapables de maîtriser leurs émotions, c'est vraiment une bonne idée. Cela donne lieu à des situations hilarantes et uniques. Comme les joggings quotidiens de Pat et Tiffany ou la discussion sur leurs prescriptions médicales au dîner de la soeur de Tiffany. La relation Bradley Cooper - Jennifer Lawrence est impeccable. Les deux acteurs sont à leur meilleur niveau et si le talent comique de Bradley Cooper n'était plus à prouver depuis la Saga Very Bad Trip, on lui découvre un côté dramatique à la fois surprenant et décadent ! Quand à Jennifer Lawrence, Oscar de la Meilleure Actrice pour ce rôle, est parfaite. Drôle, séduisante et anti-cliché, la petite Katniss de la Saga Hunger Games a tout pour devenir une très (très) grande actrice. 
La fraîcheur de la nouvelle génération !

Les fans de Fighter retrouveront ce qui a fait le charme de ce film de boxe - où Christian Bale avait remporté l'Oscar du Meilleur Acteur dans un Second Rôle. Une réalisation intime, une famille déchirée par la passion d'un membre de la famille (dans Happiness Therapy, c'est la passion de Pat Sr. (Robert De Niro ridicule et bouleversant) pour les paris sportifs et l'équipe de foot de Philadelphie), des scènes de disputes surréalistes et d'une intensité rare dans le salon du foyer familiale... David O. Russell s'est exactement capter le moment unique où une famille se détruit et/ou se reconstruit. Dans la joie, dans la peine, sa mise en scène, caméra à l'épaule, met en lumière l'immense talent de ses acteurs. Car derrière le duo d'acteurs excellents, on a une belle brochette de seconds rôles tous différents et savoureux. En tête, Robert De Niro qui m'a rarement touché à ce point, Jacki Weaver (la mère de Pat) et le retour de Chris Tucker qui nous régale de son jeu comique tout en simplicité (pour une fois). 

Bref tout fonctionne admirablement dans cette comédie moderne où tous les pans du scénario sont drôles et où la mise en scène de David O. Russell sublime l'intensité émotionnelle des joutes verbales entre tout ce très beau casting. 
Son prochain film, un thriller tiré d'une histoire vraie sur un escroc recruté par le FBI pour mettre à mal la corruption au Congrès des Etats-Unis est à ne pas louper surtout quand le gars réuni Christian Bale, Jeremy Renner, Bradley Cooper, Jennifer Lawrence et Amy Adams au casting... Oui, le gars sait s'entourer et le rend bien à ses acteurs (trois d'entre eux ont remporté un Oscar pour l'un de ses films...). 

Note : ★★★★★

Fab'

22 mars 2013

Spring Breakers

Avec Spring Breakers (2013), Harmony Korine a eu l'idée de l'année pour se faire connaitre du grand public : mettre quatre (très) jolies filles (très) populaires en bikini au milieu d'une intrigue mêlant violence, sexe, alcool et fêtes. Le meilleur moyen pour se faire connaitre surtout quand le Monsieur arrive à enrôler Selena Gomez, Vanessa Hudgens, Ashley Benson et sa compagne Rachel Korine

Qui est Harmony Korine ? Un cinéaste underground comme on dit surtout connu pour ses nombreux courts-métrages, son film Mister Lonely (2008) sur l'univers des sosies, et par l'élite des cinéphiles. Et c'est ce qui est bien avec ce réalisateur, c'est qu'il garde sa façon de penser. C'est pas parce qu'il a des stars à son casting qu'il va les chouchouter ou faire un film cliché et ultra-calibré. Au contraire, il emmène ses acteurs dans son univers, laissant vivre ses personnages dans l'instant présent. Ici, les personnages de Faith, Candy, Brit et Cotty évoluent sur une route dangereuse... Portées par la volonté de vivre quelque chose de nouveau, elles braquent un fast-food pour partir en Spring Break. Arrivées sur place, elles s'éclatent entre soirées, garçons, drogues et alcool. Mais la fête se termine quand elles se font arrêter par la police lors d'une fête. Alien (James Franco méconnaissable), un caïd de la région plein aux as payent leur caution et prend les quatre filles sous son aile. A la Snoop Dogg, oui exactement... 

Plus, le film avance, plus on se dit qu'elles s'engagent jusqu'à un point de non-retour pourtant Harmony Korine change plusieurs fois le destin de ses personnages avec intelligence et tact, nous prenant, du coup, à contre-pied. J'ai beaucoup aimé ces "rebondissements". 
Mais la grande force du film c'est le message implicite sur la déchéance d'une génération de jeunes américains qui dépensent tout ce qu'ils ont dans une orgie moderne d'une semaine où alcool, drogues, sexe et armes cohabitent dans un même lieu de décadence... Pourtant, Harmony Korine ne prend jamais parti. C'est étrange ce qu'il arrive à faire... Il narre l'histoire de ses personnages avec un ton neutre déroutant... Impossible de savoir s'il dénonce leur comportement ou s'il les encourage. Un ton neutre assez déstabilisant pour certains mais qui reste dans sa ligne de conduite : laisser évoluer ses personnages par eux-mêmes. Un ton neutre sublimé par la poésie de la musique, des images, des plans et de la photographie : beaucoup de fluo, de lumières noires, de scènes de nuits mettant en contraste les images festives du Spring Break. Une poésie sombre et violente aux faux airs de David Fincher et de Darren Aronofsky
Certaines scènes valent vraiment le détour comme la scène du braquage et celle de James Franco avec ses armes... digne du pilon de poulet dans Killer Joe (2012) !! Il faut aussi souligner la prestation surprenante des quatre copines qui cassent leur image de petites filles modèles. A la fois crédibles et envoûtantes... 

Bref, Spring Breakers est une vraie réussite, un poème moderne sur la violence et la décadence des jeunes d'aujourd'hui, à la réalisation appliquée et au ton neutre déstabilisateur... A ne pas mettre à la portée de tous. Un cinéma inventif et poétique qui en surprendra plus d'un ! 

Note : ★★★★


Fab'

18 mars 2013

Le Monde Fantastique d'Oz

On avait plus entendu parler Sam Raimi au cinéma depuis le film d'horreur Jusqu'en Enfer en 2009. Quatre années de travail sur l'adaptation du roman pour enfants Le Magicien d'Oz de L. Frank Baum. Une oeuvre culte aux Etats-Unis plusieurs fois adaptée au cinéma dont la plus mémorable restera la comédie musicale Le Magicien d'Oz de Victor Fleming avec Judy Garland en 1939. Ici, Sam Raimi nous offre un préquel de cet univers en se focalisant sur l'arrivée du Magicien dans le pays d'Oz interprété avec brio par James Franco
Un magicien de pacotille dans notre monde, un charlatan qui se retrouve propulsé dans un monde étrange où, Oscar (James Franco) serait l'élu d'une prophétie qui ferait de lui le Roi du Pays d'Oz s'il parvient à vaincre la méchante sorcière... Malheureusement, au pays d'Oz, la vraie magie existe. Il devra donc user de la ruse pour prouver au peuple d'Oz qu'il est un grand homme plein de bonté... 

OK, au début, c'était alléchant avec Sam Raimi aux commandes, l'excellent James Franco dans le rôle principal et une très belle bande-annonce passant du noir & blanc aux couleurs vivantes du monde fantastique d'Oz (avec l'élargissement d'écran très malin). Malgré ceci, je n'ai pas réussi à rentrer dans le film, ni dans ce monde imaginaire... La faute à un surplus d'effets spéciaux qui rend l'univers plus factice que réel. Les décors sonnent faux et les couleurs trop vivantes rendent l'univers très cucul (production Disney oblige)... La faute aussi à des personnages trop décalés. Du coup, j'ai pas accroché. 
Les parallèles, charlatan/grand magicien et gentille sorcière/méchante sorcière mettent directement le spectateur dans cette atmosphère oppressante de Disney. J'en ai tellement bouffé que j'ai de plus en plus de mal. Enfin, il a fallu attendre la dernière partie du film (et les rebondissements prévisibles) pour "rentrer dedans" et me prendre d'affection pour le peuple d'Oz. Le spectacle du Magicien à la fin est vraiment très réussi. 
Quelques scènes valent le détour comme la première partie en noir & blanc dans le Kansas à la fois drôle et émouvante ponctuée par une mise en scène spectaculaire avec la tornade et l'élargissement de l'écran en passant à la couleur... Très ingénieux. On retrouve cette inventivité dans le spectacle final mais entre les deux, rien si ce n'est des effets 3D réussis. Je m'attendais à mieux de la part du réalisateur de la Trilogie Spider-Man...
Côté casting, pas grand chose à dire si ce n'est que James Franco est (une nouvelle fois) très bon en charlatan et que le trio de jolies filles qui l'accompagne (Rachel Weisz, Mila Kunis et Michelle Williams) est très Disney. La dernière rappelle l’insupportable Reine Blanche dans Alice Au Pays Des Merveilles (2010) en moins pire. Son visage d'ange sauve les meubles. De son côté Mila Kunis en surprendra plus d'un à mon avis... 

Voilà, plus de 200 millions de dollars de budget pour une fresque Disney très colorée aux personnages étranges et loufoques (seul le singe volant (Zach Braff) m'a fait rire) qui plaira plus aux enfants qu'aux adultes... 
Une déception.

Note : ★★

Fab'

5 mars 2013

Gangster Squad

Los Angeles, 1949. Le Chef de la Police de Los Angeles, Bill Parker (Nick Nolte) décide de recruter une équipe de flics qui n'ont pas froid aux yeux pour faire tomber le règne sanglant et violent du terrible parrain Mickey Cohen (Sean Penn). Gangster Squad (2013) est inspiré d'une histoire vraie, celle de la reconquête de Los Angeles par des brigades de policiers anonymes, ces policiers sont devenues des véritables légendes de Hollywood, alors qu'ils n'ont jamais connu la gloire. Des soldats de l'ombre en quelque sorte. 

Ruben Fleischer - réalisateur de l'excellent Bienvenue A Zombieland (2009) - devait trouver un casting à la hauteur de ses légendes. Josh Brolin, le leader de cette brigade, est parfait. Un personnage dur, au regard noir, à la détermination inébranlable pour la justice. Son physique des années 40 rend son personnage plus vrai que nature. Face à lui, Sean Penn incarne Mickey Cohen. Des retrouvailles pour les deux acteurs puisqu'ils s'étaient déjà donné la réplique devant la caméra de Gus Van Sant pour Harvey Milk (2009). Un coup dans le vent pour le double oscarisé qui en fait des tonnes et des tonnes. Sans nuances et affublé d'un maquillage raté, il se ridiculise plus qu'il n'impressionne... Une grosse déception. 
Heureusement que les autres membres de la brigade tire son épingle du jeu. Le meilleur reste (comme toujours) Ryan Gosling parfait en policier qui s'éprend de la copine de Mickey Cohen (incarnée par Emma Stone). Encore des retrouvailles puisque les deux jeunes acteurs qui jouaient déjà le couple idéal dans Crazy, Stupid, Love (2011). Une fois encore, la magie entre les deux fonctionne et leurs petits moments tous les deux font partie des meilleurs moments du film. Le couple idéal je vous dis...
Au casting, on retrouve également le très prometteur Anthony Mackie, Giovanni Ribisi, Michael Peña, Robert Patrick, Josh Pence et Frank Grillo. Un casting très masculin dans lequel Emma Stone éblouie tout le monde par sa beauté intemporelle... 
On se prend assez vite d'affection pour toute cette petite bande dans un scénario classique de Will Beall qui fait la part belle à l'action et à l'humour. Je regrette néanmoins une réalisation stylisée, classique mais ratée. Toute la première partie du film manque de cohérence et si le travail de reconstitution est très réussi, il est en parie gâcher par la réalisation peu inventive trop stylisée de Ruben Fleischer... Dommage. 

Le film reste divertissant et efficace grâce à de bonnes scènes d'action (Chinatown et le combat près de la fontaine à la fin) et une bonne alchimie au sein des personnages, qui sauvent l'interprétation décevante de Sean Penn

Note : ★★★

Fab'